Vinrent les adieux au Népal, la fin d'un monde pour le commencement d'un autre. Le 21 décembre 2012 on survole toute la chaîne himalayenne, sublime. On essaye de se préparer à renaître sous les tropiques. C'est la fin du monde. Du monde blanc.
On est emplis de merveilles mais aussi de secousses : la vie népalaise mélange les moments fabuleux avec une vie matérielle parfois épuisante! On n'a pas envie de partir, mais au fond, pas envie de rester non plus.
Il faut se rafistoler un peu et pour ça, la Thaïlande est parfaite. Douceur de vivre, facilité matérielle, tant de bons souvenirs. Va donc pour le monde tropical.
Quand, à la descendre d'avion, à 18h, on nous annonce qu'il fait 31 degrés, on s'étouffe. Puis on s'y fait.
Par le passé, nos escales thaïlandaises nous ont toujours réservé des surprises, hasard de nos choix, intuitions, chance.
Cette fois, on se demande en secret si on peut être encore aussi étonnés. On met le cap sur des étapes nouvelles.
On retrouve vite ce qu'on aime dans ce pays, sa drôlerie, sa bonne humeur, son inventivité, cette belle langue qui dilate les mots puis les précipite, les fait bondir avant de les avaler... , sa généreuse façon d'accueillir si vous avez pris soin d'éviter les spots tellement touristiques qu'on peut directement les appeler mafieux. On a appris à les repérer de loin et à les contourner.
On laisse les plages derrière nous et on file vers le nord après quelques petits jours à Bangkok, le temps de s'acclimater. Bangkok devient lisse et peu à peu on a vu cette ville se polir, baisser le son, boucher les trous, chasser les rats et les blattes, bannir les fumeurs... C'est moins drôle! Plus confortable. Moins drôle...
A Mae Sot, puis ensuite à Mae Sariang, il fait un peu meilleur. Les matins et les soirs sont agréables, il faut juste s'abriter aux heures chaudes. C'est parti, on plonge dans les coins du pays. On choisit nos escales au bord des rivières, petites soeurs du Mékong. La Salawin sert de frontière avec la Birmanie à Mae Sot où les birmans musulmans sont très nombreux dans la ville. On ne peut plus accéder aux camps de réfugiés si on ne fait pas partie d'une ONG. Une jeune volontaire nous raconte qu'en Birmanie en ce moment, l'atmosphère est très tendue avec une forme de racisme très puissante des bouddhistes envers les musulmans. On ne réussit pas à savoir si c'est un conflit ethnique ou religieux. Il semble que la situation soit bien plus grave que ce qu'en disent les médias internationaux. Ici à Mae Sot, l'ambiance est paisible, les gens sont très agréables. Mais Mae Sot est une ville trop grande encore, on va réduire la voilure.
Cap au nord toujours pour un petit séjour à Mae Sariang où on s'attarde, la belle rivière Yuan sous nos fenêtres y est pour beaucoup, la belle campagne thaï aussi et le vélo se régale.
Rien de vraiment nouveau, on a déjà pas mal sillonné le pays, mais ce petit quelque chose qui vous attache à la Thaïlande agit encore. Le café est toujours aussi bon, les fruits sont bien là où il faut c'est-à-dire partout, les échoppes de rues toujours fascinantes si ce n'est qu'elles naviguent du matin au soir. Il faut qu'on fasse des progrès, on n'a pas encore bien assimilé le phénomène de la migration des gargotes : on en repère et, quand on y retourne... envolées! On les revoit parfois ailleurs, ou non, parfois vendant autre chose car il n'est plus la même heure... On en aura passé du temps à retrouver ceci ou cela, et, à moins de se mettre au rythme thaï et de manger des brochettes ou une soupe de nouilles au petit déjeuner ou encore des sucreries le soir, c'est un vrai sport de trouver ce qu'on aime au bon moment. Ce qu'on préfère, ce sont les cafés ambulants, surtout comme celui-là ;-)
On s'en sort à peu près avec les marchés du matin et du soir où les choses sont un peu plus stables. Enfin presque...
Après un court passage à Chiang Mai, ville ébouriffée du nord où on sait maintenant se faufiler, on se dirige vers le nord de L'Isan, cette grande région à l'est du pays, frontalière du Laos (qui faisait autrefois partie du Laos). On connait le sud et on aprécie beaucoup ces gens très simples et particulièrement chaleureux. On passe par Loei, ville très sympathique avec des marchés mémorables, puis on rejoint le Mékong à Chiang Khan, une ville qui devait être assoupie comme partout en Isan il y a encore peu.
Le boom touristique Thaï a littéralement créé une révolution avec des dizaines d'hôtels de luxe, des boutiques de vêtements de coton local ou de spécialités gourmandes à base de noix de coco vendues à prix d'or! Incroyable, on se sent un peu décalés au milieu de tous ces Thaï aisés mais absolument pas prétentieux. Ils sont plutôt hilares et enjoués.
Le week-end, c'est littéralement la folie. A 6h du matin, la rue principale se remplit des deux côtés de personnes venues faire les offrandes aux moines qui traversent la rue en cortège et psalmodient des prières en remerciement. C'est à la fois impressionnant de dévotion et drôle de voir les gens comme des enfants émerveillés.
Le boom touristique Thaï a littéralement créé une révolution avec des dizaines d'hôtels de luxe, des boutiques de vêtements de coton local ou de spécialités gourmandes à base de noix de coco vendues à prix d'or! Incroyable, on se sent un peu décalés au milieu de tous ces Thaï aisés mais absolument pas prétentieux. Ils sont plutôt hilares et enjoués.
Le week-end, c'est littéralement la folie. A 6h du matin, la rue principale se remplit des deux côtés de personnes venues faire les offrandes aux moines qui traversent la rue en cortège et psalmodient des prières en remerciement. C'est à la fois impressionnant de dévotion et drôle de voir les gens comme des enfants émerveillés.
On a assisté a de nombreux moments de festivités : partout dans le pays il y a toujours un évènement à fêter, pas forcément religieux, avec chants, danses, costumes et musique sans oublier l'essentiel : de grands espaces pour une petite restauration comme les Thaï en ont le secret. Ce pays se raconte en permanence des histoires à lui même. Notre présence surprend parfois, on vient vers nous pour savoir comment on s'est retrouvés là. Beaucoup de gentillesse et de petits signes amicaux font qu'on est bien là, à regarder comment on fait ici avec le temps qui passe, comment on lui sourit. Il y a vraiment un talent particulièrement développé ici qui consiste à faire apparaître de la beauté avec tout ce qu'il est possible de transformer. D'un rien naissent de belles images. Essayez par exemple de mettre sur votre tête une serviette éponge ou un tee-shirt d'une telle manière que le résultat soit totalement inattendu, superbe! Ici, il faut se protéger du soleil et les couvre-chefs sont indispensables, une aventure sans limite.
Vieux pneus, pièces de bambou ou de coques de noix de coco, chutes de tissus... se métamorphosent et vous n'en croyez pas vos yeux. Poubelles de ville, jardinières, suspensions florales ou tapis de salle de bains. Tout renaît de tout, indéfiniment.
On en ressort avec une série d'images d'un peuple qui vit simplement et qui sans cesse nous sidère par un sens pratique hors du commun.
En même temps, comme l'apparence n'a aucune importance, tout est possible. On adore voir les femmes se balader en pyjama dans la rue avec chaussettes et tongs et comme les maisons sont grandes ouvertes, on peut voir en passant l’inénarrable fatras de la grande pièce principale! Beaucoup de soin pour certaines choses et un grand désintérêt pour d'autres, un régal de constater nos décalages et la fragilité de nos habitudes.
A Songkham, petit bourg bien paisible, on se niche dans un bungalow en bambou au bord du fleuve. Ce jour là, en France, il y a une grande manisfestation contre le mariage pour tous. Au même moment, ici, le soir, sur un tout petit marché, un groupe de lady-boys fait son tour de chant. Les gens s'affairent à leur courses, mettent de l'argent dans le panier, l'ambiance est détendue, tout est normal. C'est tellement bien qu'on y est encore à l'heure d'écrire ces mots. Bientôt Nong Khai, puis Vientiane au Laos.
En Thaïlande, on regarde, on se retourne, on se frotte les yeux, on se demande si c'est possible. On prend des leçons de tranquillité amusée, on se régale. Le sourire thaï n'est pas seulement une expression des visages, il caractérise une façon de prendre les choses et de les modeler. les Thaï se jouent des corvées en se faisant des farces, en se racontant des blagues... pour bien vivre les moments les plus pénibles. Ça se voit et ça s'entend. Sur les chantiers, dans les champs, sur les marchés, s'échappent des bulles pouffantes.
En revanche, sur notre route la vie sauvage est minimaliste... Les animaux ne se bousculent pas, on les cherche sans toujours les trouver, même dans les parcs nationaux qu'on traverse, les chemins de balade ne sont pas toujours légion, le Thaï ne marche quasiment pas. Il a au moins deux roues, voire quatre fois quatre. On a bien fait du vélo par-ci par là en campagne, mais pas de quoi s'épuiser. Donc, on n'est pas fatigués, c'est plutôt mieux pour traverser le Laos du sud au nord, en bus sur les pistes en miettes...
Voilà un mois qui, s'il n'a pas été aussi spectaculaire qu'au Népal, finit par nous donner des vrais regrets de voir venir la fin. C'est toujours pareil ici, on est infiltrés. Bientôt, tout va nous manquer. Avant qu'un nouveau monde ne commence... de l'autre côté de la Nam Khong (Mekong).
Valérie
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