Après
deux mois passés en Chine où il était impossible de mettre le blog
à jour, voilà le rembobinage de nos jours dans le Yunnan et le
Sichuan. On en était resté au Vietnam, souvenez-vous...
Bon ben, faut y aller...
On
oublie l'anglais, on oublie le café dans la rue, tant pis pour les
raclements de gorges et les crachats qui s'ensuivent, tant pis pour le
sol des restaurants qui fait office de poubelle de table,
tant pis pour l'état des toilettes publiques qu'on ne va pas vous
décrire... On se souvient aussi de la saleté des rues et des cours
d'eau, de cette façon de nous dévisager ostensiblement et de
commenter bruyamment, des étals de viandes repoussants...
Pour l'heure, en Thaïlande, on regrette la fraîcheur des montagnes qu'on a échangée contre une île... Il nous fallait un pays (reposant) où faire un visa indien.
Bon ben, faut y aller...
Ce
n'est pas sans une petite appréhension qu'on s'apprête à entrer en
Chine. On se souvient que ce pays phénoménal vous inonde
d'inattendu, de contrastes terribles, de démesure. On sait que pour
approcher des merveilles, il faut avaler bon nombre de couleuvres.
Quiproquos, fausses pistes et hauts le cœur vont s'acharner à triturer dans tous les sens les histoires qui vont nous arriver. Tant pis, on y va. Le
meilleur nous est resté profondément ancré et finalement on s'était bien remis des petits poisons qui jalonnent fatalement la route dans
le grand pays du milieu.
Mais
on sait aussi que bien des hommes et femmes d'ici essaient par tous les
moyens de vous aider, que la gentillesse peut être sans limite. On
va abuser des petits pains vapeur fourrés à toutes sortes de bonnes
choses, abuser aussi du tofu frais, braisé, grillé ou en sauce pimentée. On
aura des bouilloires dans toutes les chambres, on prendra ces petits
bus qui roulent tranquillement, escaladent les monts et serpentent
dans les plaines, on rira de l'air sidéré de beaucoup de chinois
qui se demandent s'ils n'ont pas la berlue en nous voyant.
A
Hekou, ville d'entrée au sud du Yunnan, l'ambiance est détendue,
l'humeur enjouée et les gens viennent vers nous dès qu'ils parlent
un peu anglais. S'ils ne parlent pas anglais, ils nous abordent quand
même. Ils nous parlent encore et toujours lorsqu'ils se rendent compte qu'on ne
comprend rien. On apprécie, c'est spontané et après tout les mots
ne sont pas toujours plus éloquents que les visages.
On
va se poser un peu plus loin au nord est, à Qiubei. De là, on
espère se retrouver vite dans les grands espaces ruraux, ceux où on
ne se retrouve pas perdus au milieu de centaines de milliers
d'habitants. De petits bus en petits bus c'est à Puzehei que
commence vraiment l'histoire.
On s'y installe. C'est un chapelet de villages répandus dans une vallée magnifique. Des lacs à foison, des collines et des montagnes entourées de cultures, une population de petits paysans particulièrement ouverts et bienveillants.
C'est un site qui en saison voit passer beaucoup de touristes chinois pour ses plantations de lotus, mais là, c'est quasiment désert. Les lotus ne sont pas encore en fleurs et les touristes chinois se comptent sur les doigts de la main. On sillonne le secteur, surpris sans cesse par des scènes de vie quotidienne étonnantes. Un jour, un combat de buffle, un autre un vieil homme qui nous emmène au sommet d'une colline, un autre ce sont les grues en migration qui font étape dans le coin. Pendant des heures on suit les histoires qui passent devant nous en continu.
Les travaux des champs en particulier sont toujours impressionnants en Chine. Ici, on se débrouille essentiellement avec les outils d'un autre temps et des buffles magnifiques comme associés. Les pêcheurs ont des outils très simples, nasses et casiers essentiellement. Ils sillonnent les lacs de l'aube à la nuit et semblent malins comme des poissons.
On s'y installe. C'est un chapelet de villages répandus dans une vallée magnifique. Des lacs à foison, des collines et des montagnes entourées de cultures, une population de petits paysans particulièrement ouverts et bienveillants.
C'est un site qui en saison voit passer beaucoup de touristes chinois pour ses plantations de lotus, mais là, c'est quasiment désert. Les lotus ne sont pas encore en fleurs et les touristes chinois se comptent sur les doigts de la main. On sillonne le secteur, surpris sans cesse par des scènes de vie quotidienne étonnantes. Un jour, un combat de buffle, un autre un vieil homme qui nous emmène au sommet d'une colline, un autre ce sont les grues en migration qui font étape dans le coin. Pendant des heures on suit les histoires qui passent devant nous en continu.
Les travaux des champs en particulier sont toujours impressionnants en Chine. Ici, on se débrouille essentiellement avec les outils d'un autre temps et des buffles magnifiques comme associés. Les pêcheurs ont des outils très simples, nasses et casiers essentiellement. Ils sillonnent les lacs de l'aube à la nuit et semblent malins comme des poissons.
En revanche, les véhicules sont électriques et les lampadaires fonctionnent avec
un petit panneau solaire et une éolienne. On a l'impression de
passer sans arrêt du dix-neuvième au vingt-et-unième siècle.
C'est le pays où les cochons sont plus bruyants que les moteurs !
Depuis
le début, on a reçu un accueil vraiment généreux et toutes nos
appréhensions sont restées coincées dans l'arrière cour.
Disparues. On prolonge de jour en jour. Là, dans la pension de
famille où on loge, débarquent Jude et Jerry, un couple de jeunes
chinois de Chengdu. Chacun se demande comment les autres sont
arrivés dans cet hôtel caché au fond d'une ruelle. Instinct quand
tu nous tiens. Jude et Jerry parlent parfaitement anglais, sont
adorables et nous rendent vraiment service. La famille qui nous loue une
chambre est si généreuse qu'on est heureux de pouvoir mieux échanger avec elle, grâce à eux. Pour nous faire comprendre leur nom anglais, Jude nous
parle des Beatles et Jerry de Tom ! Les jeunes chinois ont
souvent un nom anglais pour communiquer au delà des frontières.
Qiubei,
cette petite ville par laquelle on est arrivés est très
attachante. C'est un lieu où se trouvent beaucoup de minorités et
les gens sont là aussi très curieux de nous, peut-être encore plus
surpris de voir des étrangers que dans le village d'où on vient. On
apprécie la tranquillité ambiante. La ville est très populaire,
sans chichi et, autour des buildings, on est dans les champs. On danse lors des cortèges funéraires dans les rues, on transporte les pierres tombales sculptées dans les collines en charrette à bœufs, on cuisine et on coud dans la rue... La vie s'épanche de tous les côtés, et nous, on lui emboîte le pas.
Tout est occasion de se retrouver, autour d'un jeu, d'un marché aux oiseaux, d'un espace pour danser... Il nous semble que les Chinois se regroupent pour cumuler leurs énergies, parler et rire plus fort, être ensemble.
On rencontre Kelly, 18 ans, qui elle aussi nous accompagne un moment avec son tempérament fougueux et sa belle maturité. En une soirée dans notre hôtel on apprend une foule de choses sur le coin, sur elle. On en profite pour traduire des mots qui vont venir allonger les liste des idéogrammes recopiés dans le petit carnet de survie !
Tout est occasion de se retrouver, autour d'un jeu, d'un marché aux oiseaux, d'un espace pour danser... Il nous semble que les Chinois se regroupent pour cumuler leurs énergies, parler et rire plus fort, être ensemble.
On rencontre Kelly, 18 ans, qui elle aussi nous accompagne un moment avec son tempérament fougueux et sa belle maturité. En une soirée dans notre hôtel on apprend une foule de choses sur le coin, sur elle. On en profite pour traduire des mots qui vont venir allonger les liste des idéogrammes recopiés dans le petit carnet de survie !
Qiubei,
c'est notre port d'attache pour rayonner autour. Au final, on
aura passé dix jours ici, et fait quelques belles rencontres. On a
réalisé ensuite que c'était vraiment une minuscule ville, alors
qu'elle nous était apparue trop grande au début... Les autres
petites villes ensuite comptaient toujours plusieurs centaines de
milliers d'habitants au moins. Il faut toujours vérifier le nombre
d'habitants du moindre petit point sur la carte de Chine !!
Mais, au fond, ces villes trop grandes sont paisibles, aérées et
relativement silencieuses. Comme Dongchuan, Zaothong ou Leshan par exemple.
De
Qiubei, on se rend dans un autre village, Bamei. Il est situé
dans une vallée cachée derrière une montagne et on y accède en
bateau par une rivière souterraine. Ça a du être magnifique mais
aujourd'hui les villageois se sont tous reconvertis en hôteliers,
conducteurs de charrettes à cheval ou bateliers, artisans sculpteurs de babioles. Le hameau est en
train de perdre sa beauté et les gens leur naturel.
A
Dongchuan, on arrive de nuit sans réservation d'hôtel. Un jeune
couple nous prend en charge et on cherche ensemble un endroit où
dormir. On est toujours déçus quand on découvre une ville, elles
ne sont jamais jolies, toujours en plein chantier. Mais au deuxième
rabord, on est souvent touchés par les habitants. Ici, on a eu
vraiment un accueil inattendu avec une bonne partie de rire dans la
chambre. Nos deux amis nous passent un prof d'anglais au téléphone
quand leurs compétences ne suffisent pas.
On
a un objectif : aller passer quelques jours dans un site de
montagne où la terre est rouge et les cultures en terrasses
particulièrement belles, Hongtudi.
On n'est pas à la meilleure saison car ici, c'est après la pluie que les couleurs s'allument le mieux. Mais au moins on sera au calme. Là on rencontre Xuhe, un jeune homme magnifique avec qui on passe deux jours inoubliables. Il a tenu à rester avec nous, pour nous aider à nous faire comprendre et sans doute pour ces raisons qui nous échappent toujours : on était bien ensemble, tout de suite. On a marché avec lui sur les pentes, traqué les levers et couchers de soleil. On n'a jamais pu débourser un centime pour les repas. Petit à petit, on s'est attachés les uns aux autres, on s'est découvert tant de points communs dans un anglais un peu laborieux. Au bout du compte on était amis.
Xuhe est assez différent de beaucoup de ses compatriotes, différent d'au moins un milliard deux cents millions d'autres chinois. Solitaire, discret, tranquille et amoureux de la nature. Il est sans artifice et on s'est demandé pourquoi il était venu vers nous et surtout resté, nous qui pouvions être ses parents. La réponse est sans doute qu'il n'a pas d'à priori, pas de barrière et la curiosité des autres.
On n'est pas à la meilleure saison car ici, c'est après la pluie que les couleurs s'allument le mieux. Mais au moins on sera au calme. Là on rencontre Xuhe, un jeune homme magnifique avec qui on passe deux jours inoubliables. Il a tenu à rester avec nous, pour nous aider à nous faire comprendre et sans doute pour ces raisons qui nous échappent toujours : on était bien ensemble, tout de suite. On a marché avec lui sur les pentes, traqué les levers et couchers de soleil. On n'a jamais pu débourser un centime pour les repas. Petit à petit, on s'est attachés les uns aux autres, on s'est découvert tant de points communs dans un anglais un peu laborieux. Au bout du compte on était amis.
Xuhe est assez différent de beaucoup de ses compatriotes, différent d'au moins un milliard deux cents millions d'autres chinois. Solitaire, discret, tranquille et amoureux de la nature. Il est sans artifice et on s'est demandé pourquoi il était venu vers nous et surtout resté, nous qui pouvions être ses parents. La réponse est sans doute qu'il n'a pas d'à priori, pas de barrière et la curiosité des autres.
Beaucoup
de jeunes chinois des petites villes sont, à l'opposé, plutôt
extravertis, voire extravagants. Ils nous font vraiment rire avec
leurs coupes de cheveux dernier cri, leurs vêtements, leur étonnement permanent.
Les filles particulièrement nous semblent sortir des films de Tim
Burton. Froufrous, paillettes, talons aiguilles, cheveux auburn
(souvent frisés), couleurs vives, jupes plus que courtes (bien au
dessus de la ligne des collants). Ce qui est drôle c'est qu'il n'y a
pas de limite. Il n'y a pas non plus l'ombre d'une provocation. D'ailleurs, ça ne choque
personne et ça rend encore plus drôles certaines scènes, en
particulier leurs démarches contraintes par les accessoires ou lorsqu'il faut courir, enfourcher sa moto! On
a peu d'images, on ne voulait pas qu'elles s'imaginent être perçues comme étranges.
A
Zaothong, la ville est encore plus grande ! Pourtant la vie de
quartier fait oublier l'énormité des lieux. Les gens nous
interpellent toujours dans les rues et on est souvent pris en photo
par les plus jeunes.
A
Leshan, c'est Windy, une jeune policière très tonique qui s'occupe
de nous et nous conduit dans une voiture de police jusqu'à un nouvel
hôtel. Décidément, il y a toujours une bonne âme pour nous rendre
la vie meilleure quand on n'a pas les mots. Elle travaille beaucoup
et on n'arrive pas à se revoir malgré les tentatives. Elle reste
une comète qui nous a tiré d'un mauvais pas à venir : on
était dans un hôtel insuffisamment équipé pour nous enregistrer
comme il se doit lorsqu'on doit prolonger un visa. On doit, vous l'aurez compris, faire
prolonger notre visa.
Le
visa en poche on poursuit notre route dans le Sichuan désormais. Le
printemps aidant on va avancer vers le plateau tibétain.
Jusqu'ici
tout va bien. Malgré toutes ces rencontres précieuses, il y a
toujours des moments où on est démunis, on cherche, on tâtonne, on
se trompe. La vigilance est de rigueur en permanence si on ne veut
pas se tromper de bus, avoir de la viande au lieu de légumes, mal
négocier les prix... et il y en a un qui commence à être un peu
usé... Le passage obligé par les villes nous pèse et on voudrait
bien trouver un bel endroit dans les hautes prairies du Sichuan pour
se poser un bon moment. Il y aurait des sommets autour, des yaks, des
rivières, des momos ;-)... Ce serait comme un film, en vrai.
C'est la vraie météo qui va décider.
C'est la vraie météo qui va décider.